Le samedi 9 mars 2013, la commune de Parnac (36) inaugurait sa Place Mis et Thiennot, venant ainsi rejoindre les neuf autres communes qui ont eu ce courage d’afficher haut et fort leur soutien à la cause.
Discours d’Helga Pottier
10 rues ou places Mis et Thiennot, et toujours le même courage des élus, la même volonté de dire haut et fort que Raymond Mis, Gabriel Thiennot et leurs six camarades de chasse sont innocents.
Il faut du courage pour s’opposer à la justice de notre pays, de donner à un lieu public le nom de deux condamnés pour meurtre, condamnation trois fois réitérée. Démontrer son désaccord avec le déni de justice qui est fait à Mis et Thiennot.
Monsieur le Maire, nous vous remercions vivement, ainsi que votre conseil municipal, d’honorer ces victimes d’une insupportable injustice. D’avoir le courage de donner le nom de Mis et Thiennot à cette place dans le centre de la commune, bien visible, ce qui montre que la population n’a pas oublié cette affaire, que l’on ne peut pas oublier une erreur judiciaire.
Par cet acte, vous soutenez notre combat pour que justice soit enfin rendue à ces huit jeunes gens dont la vie a basculé un jour d’hiver 1946, qui ont été broyés pendant huit interminables jours et nuits de garde-à-vue. Qui ont avoué sous la torture des gendarmes enquêteurs coutumiers de méthodes d’interrogatoires violentes, héritées de l’occupation.
Toute leur vie, ces souvenirs douloureux et inacceptables les ont poursuivis et tourmentés. Toute leur vie, ils se sont sentis humiliés de ne pas être des citoyens comme les autres. Toute leur vie, ils ont clamé leur innocence et se sont battus pour que la justice le reconnaisse.
Nous sommes déterminés à poursuivre leur combat. Nous réclamons justice pour Raymond Mis, Gabriel Thiennot, Émile Thibault, Gervais Thibault, Stanislas Mis,Bernard Chauvet, Jean Blanchet, André Chichery. Maître Mignard, notre avocat, vient de déposer une sixième requête en révision. Il met les juges devant leurs responsabilités : Depuis le rapport de 1954, il est reconnu que les aveux ont été obtenus sous la torture. Les juges se doivent donc d’effacer ces aveux du dossier.
Pour accompagner ce sixième dépôt de requête, nous tiendrons mardi prochain une conférence de presse à Paris. Nous y allons en car, si vous voulez vous joindre à nous, il reste quelques places. Nous serons nombreux à Paris pour montrer qu’en Berry, nous ne sommes pas prêts à nous résigner. Quelle meilleure preuve que les dix places et rues Mis et Thiennot ? Nous ne manquerons pas de souligner que ces espaces publics existent au Poinçonnet, à Thénioux (Cher), à Neuillay-les-Bois, Villedieu sur Indre, Saint-Gaultier, Thenay, Argenton sur Creuse, Mouhet ainsi qu’au Blanc et à partir d’aujourd’hui à Parnac.
Après cinq scandaleux refus des juges de rouvrir le dossier Mis et Thiennot, nous espérons de nouveau qu’ils aient enfin la volonté de se remettre en cause. Ce serait tout à leur honneur. Cela correspondrait enfin à l’idée que nous nous faisons de la Justice (avec une majuscule). Nous ne pouvons plus accepter une justice qui ferme les yeux sur ses erreurs du passé.
Parce que nous avons tous besoin d’une justice respectueuse. Et parce que nous sommes tous des enfants de Mis et Thiennot.
Helga Pottier, présidente du Comité de Soutien pour la Révision du Procès Mis et Thiennot