Mis et Thiennot, nouvelle douche froide

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vendredi, 6 décembre 2024

La décision rendue le 5 octobre 2023 par la Cour de cassation est annulée pour vice de forme. Le parquet général avait oublié de convoquer la partie civile lors de la septième demande de révision en juin 2023. Le comité de soutien poursuit sa mobilisation.

5 octobre 2023, c’est la délivrance au palais de justice de Paris. La Cour de cassation vient de donner raison aux défenseurs de la mémoire de Raymond Mis et Gabriel Thiennot.



Par Pierre Belsoeur.

L’invitation à la conférence de presse avait été lancée depuis une semaine. Pour le comité de soutien à Mis et Thiennot, il s’agissait de l’entrée dans la dernière ligne droite menant à la réhabilitation des deux chasseurs condamnés trois fois, entre 1947 et 1950 pour le meurtre d’un garde-chasse dans la Brenne. Et puis, patatras, la justice, qui cette fois a rapidement reconnu son erreur, a cassé la décision du 5 octobre 2023 qui annulait 27 procès-verbaux obtenus sous la violence, conformément à la loi votée à l’unanimité par les deux chambres du Parlement en 2021.

La partie civile de ce dossier, en l’occurrence la fille du garde-chasse, s’est manifestée pour contester cette décision, alors qu’on n’avait pas entendu parler d’elle à l’occasion des six premières demandes de révision. Une bonne raison à cela, les demandes de Mis et Thiennot avaient été rejetées. C’est sans doute pour cela que le greffe, comme le parquet général de la Cour de cassation, avaient omis, comme lors des six précédentes audiences, de convoquer madame Boistard et son conseil. Mais cette fois la décision portait préjudice à la partie civile.

Pourquoi un tel acharnement ?

C’est l’avocat François Saint-Pierre qui soutient cette partie civile. Âgée de 84 ans, la fille du garde Boistard n’a sans doute pas démarché seule ce ténor parisien, avocat notamment du Monde, qui est intervenu dans de retentissantes affaires judiciaires. La crainte de devoir rembourser les dommages et intérêts perçus pour le meurtre de son père ne peut être une raison valable à cette nouvelle procédure, les héritiers de Mis et Thiennot ayant assuré ne jamais vouloir demander la moindre réparation s’ils obtiennent la reconnaissance de l’innocence de leurs pères. Dans une longue interview à la Nouvelle République, l’avocat affirme vouloir détruire le « mythe » de l’innocence des deux chasseurs, qui ne serait admise que dans l’Indre (dans le Cher aussi cher Maître puisque sur les 29 communes qui ont consacré un lieu : rue, place, ou même pont à Mis et Thiennot, un certain nombre sont situés dans le Haut-Berry). Cette vertueuse recherche de la vérité semble accréditée, dans l’esprit de François Saint-Pierre, sur le fait que trois cours d’assises ont fait des deux hommes les meurtriers du garde Boistard. Si le grand avocat soutient encore que l’aveu est la reine des preuves d’une culpabilité, quels que soient les moyens par lesquels il a été obtenu, la justice a fait un grand pas en arrière.

5 décembre 2024, le comité reste toujours déterminé à faire face à ce nouvel obstacle, assuré du soutien de Me Blard.


Pour Michel Martin, secrétaire du comité de soutien, le combat pour que soit reconnue l’innocence de Mis et Thiennot, c’est un combat pour aider la justice à reconnaître qu’une erreur judiciaire peut avoir été commise. « Nous ne nous battons pas contre la famille Boistard, dont la vie a été gâchée par ce drame. Mais pour qu’il soit reconnu que le crime n’a pas été commis par des jeunes gens qui se sont simplement trouvés au mauvais endroit au mauvais moment ». 

Une cagnotte pour financer la suite

L’annonce de l’annulation de la décision du 5 octobre a évidemment fait l’effet d’une douche froide sur le comité de défense. Pourtant il ne s’agit pas de monter un huitième dossier de requête en révision, mais il faudra de nouveau plaider devant la commission de révision, devant des magistrats qui connaissent désormais bien le dossier. Simplement il leur sera présenté l’avis de la partie civile, Me Saint-Pierre balayant la thèse des aveux obtenus sous la torture. « Il n’y a pas de constatations médicales dans le dossier », a-t-il assuré à nos confrères de la NR.

Si le comité est toujours déterminé à obtenir la réhabilitation à titre posthume des deux condamnés, cette décision est un nouvel obstacle avant la décision finale de la cour de révision. Il induit des frais d’avocats supplémentaires (on peut légitimement penser que la Cour ne demandera pas de frais de procédure puisque les erreurs sont de son fait). Et c’est pour faire face à 15.000€ de nouvelles dépenses que le comité Mis et Thiennot lance un appel aux dons.

« Rendez-vous sur le site officiel misetthiennot.org pour découvrir comment faire un don ou participer à la cagnotte leetchi qui permettra de ne pas rendre les armes aussi près du but », supplie le comité.