Immortaliser l’instant historique et rendre gloire à 43 ans de combat !
Ce 5 octobre 2023, il est 8 heures du matin, une quarantaine de membres du comité de soutien à Mis et Thiennot s’est donné rendez-vous devant le parc des expositions de Belle-Isle à Châteauroux. Nous allons prendre le car qui nous mènera au palais de justice de Paris, Île de la Cité. Certains ne se sont pas vus depuis des mois, voire des années, pourtant tout laisse croire que nous nous sommes quittés la veille tant plane sur ce groupe un air de fraternité…
C’est une date importante pour le comité, la commission d’instruction doit rendre son verdict à la septième demande de révision. Le long du voyage, dans le car, c’est un peu l’excitation qui règne (ambiance départ en classe de neige !) pourtant, même si tout le monde semble gonflé d’espoir, peu sont réellement sereins… Bien entendu on y croit toujours, sinon on ne serait pas là ! On y croit peut-être même un peu plus que les autres fois depuis l’amendement voté à l’unanimité en décembre 2021 par l’Assemblée et le Sénat. Mais chacun d’entre nous a tellement encore en mémoire le souvenir amer des échecs du passé, nous sommes tous déjà un peu échaudés ! Puis il est vrai qu’en juin dernier, lors de notre septième requête, l’avocat général a tenu des propos qui nous ont laissés quelque peu perplexes quant au résultat du verdict en dissociant les cas de Raymond Mis et Gabriel Thiennot.
11h45, le car nous dépose devant le palais de justice, on se donne rendez-vous devant les grilles à 13h30. Une fois passé les contrôles, tout le monde se retrouve dans la cour devant les marches du palais et, ensemble, nous nous rendons au niveau de la Cour de cassation.
Seul Thierry Thiennot peut rentrer…
Seul Thierry Thiennot a la possibilité de rentrer. 14h00, Maître Mignard et Maître Blard, les avocats du comité de soutien, arrivent sur les lieux et se joignent à Thierry. Commence alors pour nous une angoissante attente, ne sachant si l’affaire sera traitée parmi les toutes premières ou, bien plus tard, dans l’après-midi. Chacun y va de son souvenir, on meuble le temps comme on peut, on écoute son voisin sans vraiment l’écouter, certains ont trouvé à s’assoir, d’autres tournent en rond ou font les cent pas… Un état de nervosité, que beaucoup cherchent à masquer, s’installe dans ces longs et majestueux couloirs du palais parisien.
14h15, finalement, la porte s’ouvre, Thierry sort et, le visage pour le moins ébahi, bras levés et poings serrés, et nous crie « ça y est, c’est gagné ! ». Les larmes lui montent aux yeux, il craque et se jette dans les bras de Léandre, le remerciant pour tout, pour toutes ces années à s’être battu, s’être acharné « je ne te remercierai jamais assez… ». Tout le monde applaudit. L’émotion et l’euphorie ont nettement remplacé l’angoisse qui finissait par nous ronger… Thierry téléphone à sa mère pour lui annoncer la nouvelle. Les avocats, eux-mêmes agréablement surpris, nous expliquent que la cour a retiré l’intégralité des procès-verbaux des aveux extorqués sous la torture.
Nous descendons les marches du palais ; la presse, venue en nombre, tire ses derniers clichés et s’apprête à rédiger son compte-rendu pour l’édition du soir. Nous reprenons la route direction le Berry, le cœur empli de joie.
D’ici quelques mois, un quatrième procès Mis et Thiennot aura lieu qui, nous en sommes sûrs, lavera à tout jamais l’honneur de deux suppliciés et, dans un second temps, celui de leurs six camarades.
Ils se seront battus toute une vie pour que soit reconnue leur innocence !
Photos réalisées par G. Boizeau, C. Pineau et E. Laurent, membres administrateurs du Comité